Profane 11
SE TENIR COMPAGNIE
Ce numéro s’est construit dans l’élan du déconfinement — à l’heure de cet édito, d’autres formes d’isolements à géométrie variable apparaissent —, en laissant aux contributeurs, auteurs et photographes, le soin de définir les contours de leur intervention. Il faut dire que nous ne savions pas, déjà à l’époque, quel goût aurait l’été, s’il serait possible de voyager, de se réunir, de produire du nouveau. Nous avons choisi de laisser venir à nous les idées, les propositions de sujets, de faire avec ce qui était là, et d’élargir aussi les interventions à celles et ceux susceptibles d’être sensibles à notre approche. Moins de contraintes, plus de libertés, nous étions assez déconfits comme ça.
La teneur de cette parution, que nous imaginions au départ un peu « spéciale », ne l’est finalement pas tant que ça. La surprise est donc celle de voir une forme d’attachement et de fidélité à ce qui a traversé les dix numéros précédents. Une belle surprise. Chacun a joué le jeu qu’il inventait, mais le terrain est commun. Autodidactes, amateurs et collectionneurs sont toujours là, dans des propositions plus personnelles, des atours plus fictifs, des formats plus épiques. Et nous remercions sincèrement tous les participants qui ont permis à ce onzième numéro de voir le jour, comme si nous n’étions que les passeurs d’un désir plus grand.
Le besoin de fédérer, de réunir autour d’un projet commun, est peut-être encore plus crucial aujourd’hui, quand le mot « isolement » n’a jamais été autant martelé, ne cesse de devenir notre condition. Que faire, quand il n’est pas possible d’être ensemble ? Une piste serait peut-être de rester entouré : d’images, d’imaginaires, d’histoires, de visions, si ce n’est de gens. De s’entourer par exemple et pourquoi pas, de sculptures en ciment (p. 42), d’antiques (p. 68 et p. 178), de flacons de parfums miniatures (p. 64), de palas et de pelotes (p. 120), de boutures (p. 158), de monstres japonais (p. 108), de pots à confit en grès (p. 16). De s’en sortir ainsi, en étant parmi le vivant, le rêvé, l’inanimé, le passé, le fantasmé, dans une multitude délibérée qui est la place de l’homme.
Format 155x230 mm, 228 pages
 
  
    
  
 
  
    
  
